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Les voyages d'Ouralie
4 juillet 2014

La Fête de la Saint Jean à Porto

L'idée de me rendre à Porto un 23 juin n'était pas hasardeuse : j'avais appris que ce soir là, veille de la Saint Jean, la ville était en fête jusqu'au bout de la nuit, et cela aurait été dommage de manquer cela.
A la meme période, Lisbonne fête pareillement son patron, Saint Antoine avec le meme enthousiasme, mais j'avais envie de découvrir un nouvel aspect du Portugal, et j'ai choisi Porto, et Saint Jean ( le Baptiste, pas l'Evangéliste).

A peine installée à l'hôtel je suis sortie en repérage, et la longue rue Sainte Catherine m'a amenée sur la belle place Bathala, et son église baroque Sainte Ildafonsa, toute parée d'azulejos.

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De là, on descend sur les quais de la Ribeira, et je n'ai pas pu résister à m'y rendre de suite, et pourtant, je savais que j'y retournerai le soir venu et que j'aurais donc à remonter deux fois les cotes et escaliers que j'étais en train de descendre!

C'était le milieu de l'après midi, et à chaque coin de rue, des vendeurs ambulants proposaient des milliers de marteaux en plastique colorés, de toutes tailles et munis d'un sifflet au bout de leur manche, alors que la partie marteau couinait si on la frappait un peu fort!

emblèmes de la fete

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barbecue sur le quai


C'était donc la fameuse coutume de cet unique nuit là : chacun est invité à se munir de l'engin, et de taper sur toutes les têtes qui passent à sa portée!
Je me suis interrogée sur le sens de cet étrange rituel, sans doute un défoulement inoffensif et joyeux des pulsions agressives ? une façon de se faire entrer dans la tête certaines vérités que l'on pourrait se cacher ?
A chacun de trouver sa vérité ..
L'autre symbole de la Saint Jean (Sao Joao ici) ce sont les petits pots de basilic qu'il est coutume de s'offrir en guise de porte bonheur. Il y en a des pleins étalages odorants et bien verts.

Me voila donc dans l'ambiance, et mieux encore, une fois dans les escadas dos Guindais, des escaliers habités bordés de maisonettes colorée's : déjà les riverains préparent les repas en plein air qui les réuniront la nuit venue : on allume les barbecues, on y place déjà les poivrons coupés en deux, les saucisses, les travers de porc, ça fume et sent bon de partout, et à mesure que je descend, l'armature métallique du pont Dom Luis apparait entre les murs.

barbecue dans l'escalier

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préparatifs

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Me voici enfin sur le quai de la Ribeira, où l' effervescence est déjà palpable, je découvre cet endroit et j'en prend plein les yeux : ce fameux pont Luis que j'imaginais aussi long que celui de Brooklyn, est en fait bien plus court, et on distingue sur la rive d'en face, la meme animation autour des fameuses caves à porto qui s'alignent à Vila Nova de Gaia, on en distingue meme les noms : Calem, Sandeman, Kopke.
Sur le fleuve Douro, multitude de barques traditionnelles pointues, un peu semblables à des gondoles, en bois sombre et décorées, en jaune, rouge ou bleu, ces barques qui autrefois acheminaient le porto depuis la vallée du Douro, et maintenant servent de décor et de bateau promenade.
On vient d'ouvrir les petits stands à bière, qui proposent aussi boissons fraiches et gâteaux, la soirée est douce, la pluie qui tombait à mon arrivée s'est miraculeusement éclipsée, pourvu que ça .. douro!

Mais la nuit est encore loin et je remonte en ville, appréciant au passage cette maudite déclivité des villes portugaises dans le mauvais sens!

Quelques heures et un diner léger plus tard, je redescend sur les quais, car c'est là que tout se passe.
Dans les escaliers, on en est aux repas, autour de tables rapprochées sur la moindre esplanade, on a servi des salades de tomates, d'oignons et de poivrons, des sardines et des cotelettes grillées, des grandes bouteilles de sodas et des canettes de bière. Souvent, il y a de la musique, mais ce n'est pas encore l'heure de danser!
Je reçois mon premier coup de marteau sur la tête, mais étant seule, je n'ai pas osé en acheter un pour rendre les coups!

 

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pont Luis soir S Joao

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Sur le quai, on peut à peine bouger tant la foule est dense, les restaurants sont pleins - l'un d'eux s'appelle comiquement "Chez Lapin" et il y a un vrai lapin dans une cage au milieu des convives.
Bancs publics et bornes d'attaches de bateau sont pris d'assaut, beaucoup de gens s'assoient par terre dans une atmosphère détendue.

Je découvre une autre jolie coutume locale : le lancer de petites montgolfières en papier, sous lesquelles on allume une bougie avec précaution, et quand elle est prête à s'envoler, le groupe la laisse partir dans le ciel sombre .. c'st ainsi que des centaines de ces fragiles esquifs comme autant d'étoiles, naviguent dans le ciel, et l'idée est très poétique : un voeu envoyé au saint ? la libération des pensées négatives ? un nouveau départ ?

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j'ai toujours craint un peu les mouvements de foule mais ici il n'y a pas de souci à se faire, même plus tard dans la nuit, aucun débordement ne gâchera la fête, il y a d'ailleurs beaucoup d'enfants et de personnes âgées avec cannes ou fauteuils roulants. et ce ne sont pas les derniers à distribuer les coups de marteau!

 

Je bois une bonne bière pression pour 1 euro, et déguste un chausson au chorizo, en attendant l'heure du feu d'artifice, chouette, il ne pleut toujours pas! Des airs de salsa ou de fado se déplacent dans les ruelles derrière le quai, sur le port, sur les terrasses qui le surmontent, d'étroits passages où la encore fument les barbecues.
Les forces de l'ordre sont sans doute présentes, mais miraculeusement invisibles!

Un peu avant minuit, un peu assommée quand même par tous ces légers coups de marteau, je me mets en quete d'un lieu adéquat pour ne rien rater du feu d'artifice,qui sera tiré depuis l'autre rive.
Je déniche une petite place au bord d'un muret de la place Infante, qui surplombe le fleuve,

A minuit pile, voici le premier jet de lumière, et le spectacle - je suis presque dans l'axe - sera étincelant, un vrai 14 juillet avant l'heure!
A la fin le ciel entier ne sera que tumulte et lumière, c'est vraiment magique!

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Hélas il me faut encore remonter, des groupes joyeux se croisent dans la rua das Flores, la rua Formosa, et deviennent de plus en plus rares à mesure qu'on s'éloigne de la vieille ville.

La nuit sera encore plus courte pour la majorité des portuans, mais demain, j'ai un programme à tenir et je rentre à l'heure respectable de 1 heure du matin!

 

 

 

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Commentaires
K
Superbes photos et récits, tu décris vraiment bien l'ambiance. J'avais déjà envie d'y retourner, mais là encore plus!!!
M
Les souvenirs de la dégustation et de la visite des caves me remontent à la surface... de très vieux et merveilleux souvenirs !! Bravo pour tes récits toujours si romantiques :-)
M
Nous sommes passés trop tôt à Porto car j'avais noté cette fête de la Saint Jean, mais ce n'est que partie remise. Merci en tout cas de cet avant goût et je vais continuer à lire ton blog.
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