Non, la folle ce n'est pas moi, mais la reine Maria du Portugal (la France fut le seul pays misogyne au point de ne jamais permettre aux femmes l'accession au trône, elle a été en retard également pour toutes sortes de libertés individuelles ..).

Usée par 39 ans de règne et de séjour en ce palais, cette reine donc, finit par sombrer dans la folie mystique.

Queluz est désormais une banlieue de Lisbonne, alors que le palais d'été (une "quinta") était au 18ème siècle en pleine campagne.

Il a du etre remanié après le tremblement de terre de 1755, et ne comporte qu'un seul étage.On en avait rajouté un pour accueillir les neuf enfants d'un couple royal, mais il a brulé en 1934, comme quoi ..

Pendant l'occupation napoléonienne, c'est le maréchal Junot qui l'occupa, puis la famille royale à nouveau, retour d'exil.

Après la chute de la royauté (par régicide, en 1908) le palais devint propriété de l'état et il est maintenant ouvert au public.

On le compare souvent à Versailles, mais quelle capitale européenne n'a pas son petit Versailles, sans jamais égaler le nôtre, le vrai!

Pour y aller : prendre le train de Sintra à la gare du Rossio (métro Restauradores) : facile, il n'y a qu'une seule ligne et on peut accéder avec sa carte Viva si elle est suffisamment chargée - l'aller et retour coute moins de 4 euros -

Le voyage dure vingt minutes, il faut descendre à Queluz Belas et prendre à gauche en sortant de la gare ; on tombe alors sur le parc public, qu'on doit traverser complètement et le palais est là, sur la droite.

A partir de 15h30 tous les billets sont moins chers ; le chateau et les jardins sont ouverts jusqu'à 17h en hiver, 18 h en saison.

La visite commence par une époustouflante salle de bal, et c'est une longue enfilade de pièces d'apparat ou privées, sans vraie séparation les unes des autres, aucune recherche dans le plan du palais, seul un couloir relie les appartement entre eux, on passe du boudoir de la reine au salon de musique, avec la chapelle qui occupe un des angles, et au fond, la solennelle salle des ambassadeurs.

Toute la décoration est de style rococo, avec énormément de miroirs et de dorures, des meubles précieux, et de superbes porcelaines de Chine.

Au jardin, une partie est d'inspiration française, avec un labyrinthe en buis et des fontaines de Neptune dont aucune n'a la taille et la prestance de celles de Versailles .. Le reste du parc est plus ou moins à l'abandon, avec des friches cachées derrière des haies bien taillées.

Le "grand canal" local pourrait etre très beau s'il y courait plus qu'un filet d'eau, car il est entouré de panneaux d'azulejos dans la grande tradition, un peu ébréchés ..

Mais le parc conserve de magnifiques grands arbres séculaires, sycomores, pins, magnolias, et cette sorte d'abandon lui donne un air de mystère presque envoutant.

Sur la place d'en face, on donnait une fête folklorique, avec des stands style marché de Noël, et des animateurs en costumes médiévaux. Dans un coin un cochon tournait sur sa broche, horrible spectacle car on lui avait laissé sa tête!

Mais l'odeur de la viande grillée était irrésistible, jusque dans le palais je la gardais dans les cheveux et j'avais tellement faim que j'ai eu du mal à résister ensuite à manger un morceau et boire une bière, sur une des longues tables en bois disposées devant les tarvernes.

Puis vint la musique, et là ce fut hallucinant : c'était de la musique bretonne, celle des fest noz, avec binious et tambours qui se frayait un chemin a travers la foule! On est décidément à des milliers de kilomètres de distance, en pays celtique ..

Puis ils se sont arretés pour que les filles dansent, s'y sont joints plusieurs assistants et touristes et surtout des enfants.

Si la musique restait bretonne, les danses elles surtout sur la fin, avaient la frénésie des danses africaines, influence culturelle, bien sur, du continent noir, jadis colonisé par les portugais!

C'est pleine de ces belles énergies que j'ai repris le train de Lisbonne bien contente de ma journée.

Queluz, le palais de la folle

Partager cet article