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Les voyages d'Ouralie
21 janvier 2014

PRAGUE - Première époque (1984)

 Ce n'est pas la même ville que j'ai découverte avant la chute du mur, et il y a deux ans, on s'en doute.

 Je n'y allais pas non plus pour les memes raisons.

 La première fois, avec ma fille ainée alors encore une enfant, c'était avant tout pour marcher dans les pas de Mozart, dont nous étions des fans absolues. Après Salzbourg, il fallait Prague, là où fut créé Don Giovanni en octobre 1787.

 Envie d'aventure aussi, franchir le rideau de fer en 4L c'était quelque chose ! Il fallait un passeport, un visa, et pas mal d'inconscience pour traverser, avant d'atteindre Prague, ces interminables forêts sur des routes désertes et défoncées, avec des villages misérables où les enfants s'attroupaient autour de notre bizarre véhicule, où seuls des maquereaux en conserve et des sachets de pudding en poudre figuraient dans l'épicerie du coin !

 Ces petites villes noires, industrieuses, aux fumées d'usine suffocantes, avant d'atteindre le panneau magique « PRAHA » et tout de suite tomber sur le camping Caravaning, que j'avais prévu comme base, sur la route d'accès à la ville.

 L'accueil fut chaleureux, car nous étions françaises, pays de la liberté. Mais les douches étaient froides et dépourvues de portes, les toilettes toujours bouchées. Il y avait des pommiers parmi les tentes et faute de trouver des fruits en ville, nous en croquions les pommes tombées plusieurs par jour. Je crois même que nous avions faim !

Pour aller en ville, parfois nous prenions un bus, ou la voiture indifféremment. Je me demande encore aujourd'hui comment j'avais bien pu faire pour me repérer.

img017

 

 Les seuls touristes (ou presque) venaient des autres pays de l'Est. Nous étions assez repérables et une fois j'ai surpris deux policiers en civils nous suivre à distance, avec leur chapeau mou et leur imperméable, en plein mois d'aout ! On avait l'impression de se trouver dans quelque album de Tintin, genre le sceptre d'Ottokar.

 Se garer n'était pas un problème, très peu de voitures, d'allure inconnue, circulaient dans le centre ville. Seulement ces trams rouges, à toute vitesse.

 Edifices et maisons étaient noirs de temps, comme Lyon dans ma petite enfance. Mais aucune publicité ou éclairage tapageur n'en polluait le charme médiéval.

 Nous sommes restées une semaine, sans découvrir, faute de guide existant, toutes les merveilles de Prague, mais nous avions trouvé je ne sais comment la délicieuse villa Bertramka, pourtant excentrée, lieu où Mozart et son compère Da Ponte ont mis la dernière main à l'opéra, l'ouverture n'en ayant été écrite que la nuit précédent la première : pauvres musiciens !

 Mais nous n'avions pas été fichues de trouver l'Ile Kampa, bien qu'étant passées maintes fois sur le pont Charles ! Rien n'était indiqué bien sur, alors que presque trente ans plus tard, c'est ce lieu de Prague qui m'a le plus emballée.

 En revanche, Joséfov, le quartier juif, était alors totalement libre d'accès, et nous avons pu admirer l'intérieur de la Synagogue Vieille Nouvelle et l'émouvant cimetière aux tombes défoncées plantées dans la verdure sauvage.

 La rue Pariska était déjà la plus riante et la plus élégante, avec ses espaces dégagés et ses luxueuses boutiques de cristaux de Bohème.

 Notre Dame du Tyn était défigurée par des échafaudages, mais Mala Strana nous a conduit au Chateau, à la cathédrale St Guy, tout alors encore accessible au public sans le moindre billet. L'horloge astronomique, j'ai été surprise en 2011 de la voir au sol, à portée de regard. J'ai toujours crue qu'elle était en haut d'une tour, dans mon souvenir, et je me demande si je n'avais pas révé.

img016

L'approvisionnement était vraiment un problème : le temps que l'on vienne en ville, les magasins s'étaiet vidés, on ne trouvait plus que des morceaux de viande noire peu engageants, des puddings à cuire et des conserves grossières.

 Je me souviens d'un repas particulièrement délicat : cet énorme poulet congelé qu'on avait fait bouillir lentement sur le camping gaz, accompagné de petits pois en boite, gros comme des olives  et agrémenté de moutarde locale. Mais quand on a faim …

 On trouvait aussi des berlingots de lait souples, posés en tas à même le sol des superettes, et du fromage à pate élastique, toujours le même mais de taille différente, de biscuits insipides, le tout bien sur à des prix imbattables ! On a fait pas mal de flan à la banane avec le lait ..

 C'est pourquoi les pommes du camping furent les bienvenues.

 J'étais vraiment une routarde débutante, mais le seul « guide » possible avait été envoyé sous forme d'un maigre fascicule édité par l'agence de tourisme d'état. Et puis pas d'internet, pas de photo numérique, j'ai bien des diapos, mais je n'en avais fait tiré qu'une vingtaine sur papier, à l'époque, et l'image est déplorable, comme on le voit.

J'ai mis des années à avoir envie de revoir Prague et son nouveau visage « touristique » tant je restais sous le charme frugal et intemporel de « ma » Prague d'un autre temps.

 J'ai choisi pour cela une autre saison, juste avant Noël, un bel avion, un hotel digne de ce nom, et une ville de plus à partager, en décalé, avec quelqu'un qui compte.

 Et puis les photos numériques, les connaissances, les bons plans du Routard et d'ailleurs, les brasseries Art Nouveau, le marché de Noel,  les rivages de l'ile Kampa, tout cela a détroné largement, ce premier souvenir épique de cette ville improbable !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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