Au delà du Tage, une balade à ne pas manquer!

Hier je suis passée de l’autre coté du Tage, pour une longue balade que je recommande, si vous croyez avoir tout vu de Lisbonne.

Depuis la gare fluviale de Cais de Sodre (en plein centre ville) vous prenez un bateau qui fait la navette pour Cacilhas – la traversée se paie au tourniquet avec votre carte Viva, pas besoin de faire la queue au guichet –

C’est une occasion de faire une expérience de navigateur pendant dix minutes ! mais on apprécie toute la vastitude de l’embouchure du Tage, qui va se jeter dans l’océan dix kilomètres plus loin. Avec vue imprenable sur le pont du 25 avril. Ce matin, des quantités de méduses géantes nagent entre deux eaux, avec leur corps déformables blancs et gélatineux, et leurs tentacules qu’on  n’aimerait pas croiser !

Arrivée à Cacilhas, je ne me laisse plus décourager par le coté restaurants à touristes et gare de triage (de nombreux bus partent du quai) mais me faufile tout à fait à droite quand on sort du débarcadère, dans l’étroit et sombre quai de la Ginja.

A priori, son aspect tout droit sorti d’un roman noir peut rebuter : le quai longe une série de bâtiments en ruine, aux fenêtres crevées, aux murs taggés, parfois avec art. Au bout de 50 mètres, le quai devient piétonnier, réservé aux seuls pêcheurs et promeneurs curieux, et plus que jamais l’ambiance « les mystères de Lisbonne » s’accentue. Par mauvais temps et la nuit tombée, ça doit être vraiment peu rassurant !

Mais en ce bel après midi, rien ne peut effrayer : au bout des pontons, de paisibles pêcheurs ont posé leurs lignes, sur le seuil d’un squatt, un homme coupe du bois, alors que l’autre fait bouillir dans une grande marmite, posée sur un réchaud, des abattis de  poulet.

Un peu plus loin, voici des maisons habitées en ce lieu désolé : des rideaux coquets aux fenetres en témoignent, et des noms sur les portes.

On arrive à deux beaux restaurants, pimpants et paraît il connus pour la qualité de leur cuisine de poisson. Sur la gauche du quai, le rempart à pic d’une falaise boisée, on est ainsi entre fleuve et colline.

Tout de suite après, un parc paysager très bien entretenu contraste avec la misère précédente, on peut s’y installer à l’ombre et contempler Lisbonne à l’aise.

Un peu plus loin, un improbable musée municipal au début d’une série de vieilles maisons en cours de rénovation, et un « Barrio Social » (quartier social) qui n’existe plus autrement que par ce panneau peint sur fer rouillé ..

 Dans le parc,  un ascenseur étrange, «Boca de Vento » vous conduit gratuitement au village d’Almada, en haut de la falaise. Il suffit d’appuyer sur le bouton et le liftier vous ouvre la porte.

Nous voici à Almada, village qui semble très actif et vivant, et possède un trésor : une quinta, transformée en musée d’art contemporain et botanique, avec serres et plantations, bassins à nénuphars, belvédères avec vue imprenable sur le Tage et Lisbonne, la encore.

Un lieu accueillant avec des expositions renouvelées, des belles toilettes, une petite cafétéria, et l’entrée est gratuite.

Dans les jardins, ravie, j’avise des figues tombées de l’arbre et je peux en déguster trois, encore intactes ! un délice ..

Je rentrerai par le même chemin, tellement j’aime ce quai si étrange, puis par un des ferries du soir (avec voitures) si bien que je peux faire la traversée sur le pont supérieur, il n’y en a pas sur les bateaux « normaux ». un moment comme ça vous console de bien des choses !

On a aménagé une nouvelle promenade piétonne entre la gare et les colonnes de la place du Commerce, j’avais vu les travaux l’année dernière. Un espace qui descend en pente douce sur les rives du Tage, en deça de la promenade sur le plat, bordée de cafés bien entendu mais pas trop. Le soleil se couche, les mouettes se disputent, il fait si bon, que demander de plus ?