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Les voyages d'Ouralie
8 février 2014

Vilnius, Wilna, Wilno ..

 

La plus occidentale des trois villes baltes est aussi la seule à n’avoir pas vue sur la mer : sa voisine Riga, s’ouvre sur le golfe qui porte son nom et rejoint la Baltique en une vingtaine de kilomètres, et tout en haut, Tallinn s’affirme comme port maritime aux confins de la Russie.

J'ai visité  Vilnius au cours du bel été 2009, en la doublant de la découverte de Tallinn, rejointe en une journée avec Eurolines, et une escale de deux heures à Riga : revoir Riga m'a fait énormément plaisir, évidemment.

Celle qu’on nomma « la Jérusalem du nord » a peut être une histoire encore plus compliquée que celle de ses consœurs, soumise à tant d’influences et de convoitises qu’elle aime à brouiller les pistes, offrir plusieurs visages, et des coins perdus qu’il faut savoir découvrir, à côté de ses ruelles médiévales et de ses fastes baroques

L'Université de Vilnius, berceau de sa culture, l' une des plus prestigieuses d’Europe de l’Est, a été fondée en 1560, et se promener dans ses treize cours reste un parcours initiatique assez bouleversant, avec ces imposantes maximes inscrites en latin sur les frontons : « le courage prête au ciel ancien une clarté nouvelle », ou encore « Ceci est la demeure d’Uranie, reculez, soucis quotidiens, d’ici on monte vers les étoiles ! »

 

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vitrail université

 

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Le peintre Soutine est originaire de Vilnius, le sculpteur Lipschitz, ainsi que Romain Gary né en 1914 rue de la Grande Pohulanka, aujourd’hui rue Basanavicius.Une statue de lui enfant, le nez tourné vers l’avenir, orne désormais les abords de sa maison natale.

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Sa mère, farouchement francophile, n’eut de cesse de le voir devenir français, et célèbre. Lire, si ce n'est déjà fait, sa Promesse de l'Aube. Curieusement, le B&B que j'avais retenu se trouvait dans sa rue natale, et comme c'est un de mes écrivains prérérés, j'ai trouvé la coincidence troublante !

Ces trois là étaient juifs, et comme partout ailleurs, le ghetto de Vilnius, le grand et le petit, a été vidé de ses habitants dans les années sombres, à peine 5% des 60 000 âmes survécurent..
De la culture yiddish, à son apogée dans les années 30, il ne reste plus grand chose.

Stendhal, Voltaire, Chateaubriand, séjournèrent à Vilnius, et Napoléon, au retour de la retraite de Russie, y fit halte et tenta, incorrigible, un coup d’état.
2000 grognards reposent dans un carré spécial, au cimetière militaire d’Antalkanis.
Et le 1er avril 2000, naissait la commune libre du quartier d’Uzupis, jumelée avec celle de .. Montmartre !

L'arrivée à l'aéroport

Il ressemble davantage à une gare de province, à seulement 5 km du centre, bâti dans un style néo classique, on ne risque pas de s’y perdre ! Cette modestie donne déjà le ton de la capitale lithuanienne : c’est la plus petite et la plus endormie des trois villes baltes, toutefois, ma valise était bien là, en dépit d’une suppression de vol inopinée, et d’un déroutement sportif sur Riga ! lasse d’attendre le bus 1 (on était dimanche) j’ai fini par prendre un taxi.
Les faubourgs sont
pauvres, voire lépreux, aucun énorme centre commercial et pas de coquettes banlieues, on plonge très vite dans les fastes du passé, qui, eux, sont correctement entretenus.
Si l’on préfère le bus, la gare routière, sur le chemin, permet de rallier Cracovie, Berlin, Riga, Tallinn, Minsk et même Rome à moindre prix et à bonne fréquence. J’ai rejoint ainsi Tallinn en à peine 8 heures, avec une longue escale à Riga, longeant la mer Baltique et les forêts.

La vieille ville

Son épine dorsale est la rue Pilies, qui relie l’Université à la Cathédrale. Transversalement, la rue Traku puis la rue Dominiku serpentent entre leurs petites maisons colorées, leurs églises baroques et leurs cours débordantes de verdure en désordre.
Cafés populaires, petits restaurants et boutiques désuètes se succèdent sur un parcours un peu hors du temps, au hasard, il faut emprunter des ruelles encore plus étroites, sans voiture ni bus, par exemple la rue Literatu, avec un mur constellé de médaillons représentant des écrivains, un peu comme une paroi de funérarium ! Ou encore la rue Mykolo dont le nom et les maisons blanches évoquent ici la Grèce, curieusement, et où se trouve le joli musée de l’Ambre.

 

rue literatu

 

 

 

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musée de l'ambreSilence et solitude dans ces ruelles tortueuses, contrastant avec l’ animation touristique de la rue Pilies, couvertes de marchands ambulants et de restaurants, mais pourtant elle présente à chaque numéro tel hôtel particulier 18e , ou telle ancienne guilde du 16e, qu’il faut savoir regarder au delà des parasols des vendeurs de faux ambre et de bonnets en laine !

Les deux plus belles églises de la ville sont de style gothique flamboyant, et se trouvent voisines, aux confins des quartiers anciens : l’église et le cloitre des Bernardins, imposants et sévères, et la minuscule église Sainte Anne, toute en briques rouges, si élégante que Napoléon voulait la faire transporter à Paris !

 

 

bernardins

 

eglise Bernardins

 

egl sain esprit

 

casimir
L’église St Jean fait partie de l’Université et n’a pas d’accès sur la rue, ses fresques du 15e siècle ne sont pas toutes dégagée du badigeon appliqué en 1827, et sa façade, visible de la cour St Jean, évoque la forme d’un buffet d’orgue.


L’église du St Esprit, attenante au couvent des Dominicains, est une pure merveille baroque, de partout l’œil est sollicité par cette profusion de statues, stucs, ors, peintures et allégories, il faut regarder discrètement car le lieu est hanté de dévots sourcilleux.
Même richesse décorative dans l’église jésuite St Casimir, qui ressemble à un gros gâteau à la fraise en haut de la rue Pilies : autels baroques, saints en extase ..
La chapelle de la Porte de l’Aube n’a qu’un intérêt anecdotique : elle surmonte une ancienne porte de Vilnius et on aperçoit d’en bas la statue d’une Vierge vénérée par une armée de dévotes polonaises.

 

100_3956Il y a encore bien d’autres églises à Vilnius, une ville très marquée par le catholicisme et par l'influence des jésuites, au contraire de ses voisines baltes, donc impossible de toutes les citer !

 

 

 

 

UZUPIS est LE  lieu à ne pas manquer : nichée dans une boucle de la Wilna, cette république libertaire s’est autoproclamée le 1er avril 2000, et s’est jumelée avec celle de Montmartre. Il suffit de passer le pont, orné de chaines et de cadenas pour signifier qu’il faut les abandonner là !

 

chemin le long de la Vilna

 

la constitution d'uzupis

 

la belle d'Uzupis

 

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village d'artistes

 

 


Il faut fêter cela au café Uzupio, un lieu charmant au bord de la rivière, avant de s’aventurer dans le quartier habité de bobos et d’artistes underground. Petites maisons décrépites, cours encombrées de potées fleuries, de linge qui sèche et d’ustensiles variés, murs dédiés à l’art populaire, et aussi ces berges si romantiques, et à demi sauvages, qu’il faut

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l'Ange d'Uzupissavoir découvrir.


Les mascottes du lieu sont l’Ange d’Uzupis qui souffle dans sa trompette, et la déclaration locale des droits de l’homme, affichée en plusieurs langues sur des panneaux de verre.

 

 

 

 

L'église et le cimetière

Accessibles par le même bus, ces deux endroits sont incontournables. Tout d’abord l’église Pierre et Paul, un peu excentrée donc, un véritable festival baroque qui contient plus de 2000 statues dans un écrin de stucs, moulures, d’autels et de chapelles faisant preuve d ‘un délire d’imagination incroyable, bien que le blanc soit la seule couleur de tout ce décor ! Squelettes, éléphants, animaux féériques, saintes extasiées, toute l’imagerie baroque défile en ce lieu.

 

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Un lustre monumental, mais d’une grande finesse, représentant un drakkar, est suspendu sous la nef, il a été forgé à Riga au 19e siècle.
Cette église votive a été construite pour fêter le départ de l’occupant russe au 17e siècle.
Il faut ensuite marcher un petit kilomètre pour parvenir au
cimetière militaire d’Antakalnis, qui est aussi un cimetière civil. Dans ce parc paysager vallonné et ombragé, s’étagent les tombes de soldats de toutes les guerres, de toutes les religions, et plusieurs mausolées solennels voués aux victimes de la 2e guerre mondiale, aux soldats de la Grande Armée et aux 23 victimes de la dernière guerre d’indépendance (1991) où des babas stationnent encore. Appréciez l’art funéraire local, à base de totem paiens en vieux bois, ou de visages de pierre couchés les yeux clos, mais surtout le bol d’air et la leçon d’histoire.

 

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Un peu plus loin, Trakaï, son château, son lac

Cette excursion vous conduira à 25 km de Vilnius, depuis la gare routière (plusieurs aller retours quotidiens).

 

 


Le château de Trakai fut le berceau de la royauté lituanienne. Datant de 1337, c’est un vrai château fort en briques rouges avec donjon et remparts, et il se dresse au bout d’une presqu’île sur un grand lac entouré de forêts. Un vrai décor de légende.

 

passerelle face au chateau

 

maisons karaites, Trakai

 

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une jolie maison à TrakaiL’intérieur recèle un petit musée historique, mais on peut se contenter d’en faire le tour à l’ombre des sapins et des chênes.
Sur les rives du lac, petit port de plaisance, guinguettes, échoppes de souvenirs, familles en balade et même tournage de film, le jour où j’y étais.
La
rue principale de Trakai est aussi un conservatoire ethnographique rare : elle est bordée de ces maisons karaites traditionnelles, et d’une" kenessa", qui est le lieu de culte de ces derniers karai, un peuple venu de Turquie au 16e siècle, protégé à l’époque par le grand duc, dont la religion hésite entre islam et judaisme .. plusieurs restaurants karai proposent une cuisine à dominante orientale. Mais il reste très peu de survivants de ce peuple en voie de disparition, surtout depuis les persécutions nazies.

Des trois villes baltes, Vilnius ne fut pas ma préférée, peut être parce qu'il n'y a pas la mer ? Mais j'y ai passé quand même plusieurs jours dépaysants et parés de couleurs.



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Commentaires
C
Je lis sur une photo la Constitution d'Uzupis : l'homme a le droit....l'homme peut....l'homme devrait...<br /> <br /> J'espère qu'il s'agit bien de l' homo sapiens et non pas que de l'a gente masculine ;-)<br /> <br /> Bon week end Ouralie
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