Cinéma "des hauteurs" (et d'auteurs!)

Dans ce blog consacré à des voyages plus ou moins lointains, le Sanctuaire de Notre Dame de la Salette va trouver sa place.

Je ne suis pas une fervente catholique ni meme une croyante confirmée, mais cet endroit agit sur moi comme un aimant, et je suis loin d'etre la seule dans ce cas.

Pour vous le présenter, j'ai envie de vous parler d'un jeune festival de cinéma," Cinéma et Réconiliation" organisé en 2014 pour la cinquième fois, autour du thème "la peur de l'autre".
Le nom générique du festival s'inspire du message spirituel de la Salette, qui est la réconciliation, le pardon et l'acceptation de l'autre.

Il est organisé par une petite association de 58 membres pour l'instant, issue de l'association des Pélerins, bien plus ancienne, qui travaillent à chercher chaque année un thème, des films, des sponsors, des parrains et intervenants, si possible les réalisateurs des films pressentis - mais c'est encore difficile : cette année, ceux qui devaient venir se sont désistés, on devait avoir aussi Brigitte Fossey, mais elle avait commencé un tournage ..

Même les films sont susceptibles d'etre déprogrammés et remplacés au dernier moment : par exemple "Un mauvais fils" de Claude Sautet était prévu en même temps au festival Lumière de Lyon, et la Salette n'a pas pu en obtenir les droits.
A la place on a programmé "Au nom de tous les miens" de Robert Enrico, où jouait aussi Brigitte Fossey, mais elle n'est pas venue pour autant!
En revanche, un épisode supplémentaire de la série "Décalogue" (Krystof Kieslowski) a été ajouté à celui qui était prévu, le lendemain dans l'après midi ..

Tout cela peut ressembler à de l'amateurisme, et l'impression n'est pas fausse, mais il s'agit d'un jeune festival qui fonctionne avec un budget de 10 000 euros seulement, en majorité consacrés à l'acquisition des droits de diffusion.
Et cela donne un petit coté imprévu à ces quatre jours, surtout- que les dérivatifs ne manquent pas sur ce site magnifique du sanctuaire de la Salette : balades en montagne, ressourcement spirituel, et nourritures terrestres.

L'édition 2014 a été marquée par un extraordinaire été indien : à 1800 mètres d'altitude, on était entre 25 et 27 degrés dans la journée, sous un ciel absolument limpide. Mais ce 'est pas toujours le cas, l'année dernière parait il, grisaille et frimas étaient au rendez vous! Vous apprécierez quelques photos de ces jours radieux, on avait le temps de se balader sur les chemins alentours, entre deux séances dans l'amphi obscur ..

En général trois films suivis de débat sont prévus sur la journée : à 9h, 14 h et 20 h30, et parfois un atelier dans l'après midi.
C'était la première fois que j'assistais à ce festival et je ne l'ai pas regretté, car tous les films dit d 'auteur ne sont pas germanopratins et là je l'ai vraiment découvert.

Mes deux films préférés furent :
"Le Havre", du finlandais Aki Kaurismaki, bien loin de la bienpensance habituelle sur le sort des clandestins : un conte plein de tendresse et d'humour, dans un Havre curieusement resté dans les années 50.

"Imagine" du polonais André Jakymowski - j'avoue que c'est le film qui m'a décidé à venir, l'histoire se passant à Lisbonne, certes on en voit bien peu, car les protagonistes sont tous .. aveugles! Mais quelle poésie créative dans les échappées de l'institution - dominée par le personnage christique du héros principal, et dans l"illustration de la parabole "ils ont des yeux et ils ne voient pas" !
j'ai eu le plaisir, dans la scène des cerises et de l'acacia, de reconnaitre une charmante petite place des hauteurs de l'Alfama, avec deux bancs et les acacias ..

Nous avons pu voir aussi au cours de ces journées :

"le Décalogue 1" et "le Décalogue 8", de la célèbre série de Kieslowski

"The Visitor", de Thomas Mac Carthy
"Le fils de l'autre" de Lorraine Lévy"
"Babel" d'Inarritu (formidable aussi!)
"Au nom de tous les miens" de Robert Enrico, plus classique mais toujours efficace
"la Poursuite Impitoyable" d'Arthur Penn
"Va, vis et deviens" de Radiu Mihaleanu
"la Belle et la Bête" de Jean Cocteau

Les intervenants étaient soit des ecclesiastiques cinéphiles ayant écrit plusieurs ouvrages et participés à des jurys oecuméniques ou catholiques de plusieurs grands festivals, soit des enseignants en cinéma ou réalisateurs de documentaires.
L'évêque de Soissons, Hervé Giraud, était le parrain du festival et il était présent à tous les fims.
Bien sur ici point de films sulfureux, les scènes érotiques sont suggérées plutot que surjouées, l'ensemble est finalement plutot rafraichissant.

Les débats consistent surtout à mettre en lumière le thème de l'année : la peur de l'autre, de celui qui est différent (l'aveugle, l'immigré, l'ennemi) et comment le réalisateur nous aide à l'identifier et à la surmonter.

J'ai vraiment hâte de la prochaine édition, la bénévole s'est transformée en invitée et j'ai pu d'aileurs renouer l'amitié avec plusieurs personnes qui m'avaient connue dans cette autre vie et j'en suis très contente.

Nous avons eu l'occasion de découvrir aussi le jus d'orange à la Chartreuse, qui nous a été servie pour le coktail de clôture avec de délicieuses pâtisseries salées maison, d'inspiration polonaise (nombreux parmi les cadres de la Salette).

Je précise que ce cocktail et l'accès à tous les films sont entièrement gratuits (mais un don ne sera pas refusé dans la corbeille adéquate) - seuls l'hébergement et les repas (non obligatoires) sont à charge.

Infos pratiques : la Salette se trouve entre Gap et Grenoble au dessus de la route Napoléon, à 1800 mètres d'altitude ; une route déneigée si nécessaire y conduit depuis le village de Corps et son célèbre Hotel Restaurant de la Poste!

site de l'association organisatrice :

www.cine-salette.com
et bien sur le site officiel de la Salette (taper sur google)

Je tenais à faire connaitre ce petit festival, où les participants sont de plus en plus nombreux, et ne viennent pas uniquement de la région Rhône Alpes.